92                           HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Bruges. — La ville de Bruges parait avoir été bien plutôt, au moyen âge, l'entrepôt général de toutes les marchandises flamandes qu'un centre de fabrication. Si on voit figurer sur un compte de dépenses faites pour le duc de Bourgogne, sous la date de 1376, un certain Colart, de Paris, tapissier de haute lice, demeurant à Bruges, on n'a pu constater d'une manière authentique la pré­sence de métiers dans cette ville pendant le xve siècle. Les tapis-séries achetées à Bruges par les ducs de Bourgogne leur sont généralement vendues par des marchands étrangers ayant un éta­blissement dans la vieille cité flamande. Cependant plusieurs des artisans de haute lice qui émigrent dans les pays étrangers à l'époque dont nous parlons, se disent originaires de Bruges.
La corporation des tapissiers brugeois ne reçut une organisation propre qu'en 1506.
On a donné plus haut l'énumération des riches tentures expo­sées lors du mariage de Charles le Téméraire, célébré à Bruges en 1568- Mais nous avons fait remarquer que ces précieuses tapis­series provenaient, pour la plupart, des ateliers d'Arras ou de Tournai.
Lille. — Les premiers tapissiers qu'on rencontre à Lille sont originaires d'Arras. Le plus ancien qui reçoit le droit de bour­geoisie en 1398 s'appelait Bobert Polisson, fils de Henri. (Voyez ci-dessus, p. 39.) Puis paraissent Simon et Jean Lamoury en 1401 et 1404, Nicolas des Grès en 1406, Jean de Ransart en 1407. Deux autres artisans, nommés en 1412, étaient venus de Paris. En somme, le dépouillement des anciennes archives de Lille n'a fourni qu'un petit nombre de noms pour le xv0 siècle, et tous les rensei­gnements se bornent à de simples mentions de tapissiers. On ne trouve pas l'indication d'une seule pièce sortie des ateliers lillois. La haute lice alla toujours en dégénérant au xvic siècle, et finit par être presque complètement supplantée par la sayetterie.
Ypres. — A Ypres, on ne rencontre pas un seul hauteliceur dans tout le cours du moyen âge. Il est à noter toutefois que François van der Wichtere, d' Ypres, dessinait, en 1419, les cartons des tapis armoriés de haute lice destinés à la halle des échevins; mais on s'adressait pour l'exécution des tentures à Jean de Fevere, d'Arras.